Carnet de route – Afrique de l’Est

L’avion vient d’atterrir à Nairobi, il est 11 heures. Ma correspondance pour Arusha, Tanzanie, est à 14 heures. Je m’empresse de chercher mon unique bagage, un lourd sac à dos qui contient l’équipement nécessaire pour grimper le Kilimandjaro et vivre ensuite plusieurs semaines dans la brousse. Sans lui, je suis une tortue sans carapace, sans aucune protection. Une foule s’entasse derrière les tapis roulants qui livrent les bagages. Les minutes passent et pas de sac à dos. Je me retrouve ainsi seul devant ce tapis qui s’arrête soudainement. Lorsque j’interroge le personnel de l’aéroport, personne ne semble concerné et me répond. Je panique ! Je décide alors de passer sous le portique du tapis et me voilà à ramper dans la gaine technique. Et là, par terre, mon sac à dos, certainement tombé lors du transfert. « On » l’a laissé là. Bon, ok, maintenant je dois foncer trouver le stand d’air Tanzania. Je demande à une hôtesse où dois-je me diriger. Elle m’indique qu’il se trouve tout au bout du long couloir qui traverse l’aéroport et une fois sur place, après avoir couru, pas de stand. J’arrête un policier pour lui poser la même question. Il me dirige … à l’opposé, d’où je viens et il est 13 heures. Après plusieurs allers retours, je commence à sérieusement à me décourager et m’assois sur le sol, adossé à un mur. Je décide de me calmer et c’est là, en levant les yeux que je découvre un petit panneau air Tanzania posé sur une petite réception vide. Je m’en approche et décide d’interroger une dame qui semble faire le ménage derrière le comptoir. – à cette époque, il n’y pas de vols me dit-elle. – comment ça pas de vols ? J’ai un billet délivré par mon agence en Europe Pour Arusha ! Sans même me regarder, elle me lance – go by road !

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Dehors, je suis le seul blanc. Des centaines de personnes prennent d’assaut les quelques bus dans une poussière incroyable. La chaleur est étouffante, il est 15 heures et je suis à 800 kms de pistes d’Arusha avec une frontière à traverser en plein désert. Je dois agir vite avant la nuit. Je m’adresse à un petit groupe de gars assis sur des vielles voitures à proximité. Je comprends vite que sont des taxis illégaux qui viennent gagner leur vie. Un grand gaillard accepte de me transporter jusqu’à la frontière, il y en a pour 4 heures si tout va bien me dit-il. Je monte à l’arrière de sa 404 Peugeot et « décolle » de l’aéroport. On roule vers le sud et très rapidement les kms s’enchaînent sur une piste de gravier sans fin. Mon conducteur ne parle pas. Même quand je le questionne, il répond à peine. Je ne me sens pas serein, il peut m’agresser sans témoin ou tout simplement m’abandonner sur le bord de la route, détroussé de mes affaires. Après quelques heures, il donne un grand coup de volant et sort de la piste, empruntant une piste secondaire défoncée. Je lui demande où on va. Pas de réponse. Après une dizaine de kms, on arrive dans un semblant de village. Des pneus de camions, quelques huttes, des enfants qui jouent au foot. Il stoppe la voiture et sort boire son thé avec ce qui semble être des connaissances. Que dois-je faire ? Le suivre ou rester dans la voiture ? Il ne revient pas et la nuit commence à tomber. Je comprends alors qu’il s’est arrêté pour dormir. Calé sur mon oreiller sac à dos, ma première nuit en Afrique de l’Est sera à l’arrière de cette voiture (à suivre)…