Faire différent pour s’ouvrir au monde …

9 décembre 2024

Martin travaille dans l’administration, depuis plus de 20 ans dans la même entreprise. Assis derrière son bureau, il ne bouge pratiquement pas. Acheteur, ce professionnel consciencieux cache derrière son caractère discret une grande force mentale. Il doit accepter la pression de la direction, des fournisseurs et des unités de production et ne reçoit ni reconnaissance ni remerciements mais il ne s’en plaint pas. Il est là pour travailler se dit-il. Une fois à la maison, il s’installe dans son canapé pour récupérer.

Lorsque le Patron décide d’offrir à ses cadres un séminaire avec moi, il réagit négativement et ne comprend pas ce qu’on lui demande : à quoi bon partir loin de chez soi pour rencontrer un inconnu et en plus en montagne ? L’idée de la direction est de proposer à Martin de sortir de ses routines, de se faire confiance et de laisser son imagination l’aider dans ses prises d’initiatives.

Albert Einstein (1879-1955) affirmait dans son célèbre dicton : « L’imagination est plus importante que le savoir, » ce qui reflète une confiance dans l’intuition et la capacité à penser au-delà des conventions.

Le problème de Martin est qu’il n’a jamais fait de sport, pèse 110 kilos pour 1 mètre 70 et que le froid ce n’est vraiment pas son truc ! Notre première rencontre est difficile, visiblement il est là parce qu’il n’a pas le choix, en quelque sorte.

Je choisis une belle journée d’hiver, il vient de neiger la veille et dans les sapins, la lumière va être sublime. Avec mon Guide, nous choisissons une course dans un spot « secret » loin de tout et de tous, une belle sortie en raquette dans la neige fraîche.

Je lui explique clairement ce que nous allons faire : tout simplement faire notre trace, lentement, en pleine nature, sans aucun enjeu autre que de prendre son temps, respirer, s’arrêter pour profiter de ce qui nous est offert. Martin accepte de s’équiper, le Guide passe en premier et je le suis de prêt pour préparer une belle trace, afin de faciliter l’effort à notre client. Après quelques tournants dans la montée, sous les sapins, il s’exclame « que c’est beau, je n’arrive pas à croire que je suis là ». Je laisse le silence nous porter, surtout ne pas déranger le temps qui se pose ! A chaque vue dégagée, notamment sur le Mont-Blanc tout proche, nous nous arrêtons boire du thé et échanger sur la vie. Il me parle de sa famille, de ses enfants, de son métier qui l’aime. Puis, il explique que c’est la première fois qu’il va aussi loin de chez lui. J’imagine l’effort que cela représente et le félicite de sa force, d’être capable de sortir ainsi de sa zone de confort.

En revanche, le propos de mon accompagnement est de lui faire vivre une expérience hors de son quotidien pour qu’il ressente le bonheur de « faire différent pour s’ouvrir au monde ».

Comme des gamins, on commence à rire, à se sentir bien d’être ici. Martin se décontracte, marche de mieux en mieux. Son attitude parle d’elle-même, il se redresse, s’appuie sur ses bâtons et observe la nature. Il est temps de lui faire plaisir par une surprise « maison » portée dans mon sac à dos, une fondue moitié-moitié à partager.

C’est à ce moment que j’ai vu Martin ému aux larmes de recevoir cette intention, saisir que »faire différent » dans ses habitudes peut être agréable, voire salvateur.

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