23 décembre 2024 : elle démarre fort dans la pente. Sans un mot, Céline passe devant et impose un rythme de sportif d’élite, comment va-t-elle le tenir sur une journée complète ? Mon Guide tente de la résonner mais elle ne semble pas l’écouter, elle fonce, c’est tout. Plusieurs fois, il s’adresse à elle « Ne démarre pas si vite, nous avons le temps et la course est longue ». Bien sur, nous avons formaté cette journée selon sa tonicité physique et mentale, elle peut le
faire ! Mais ce n’est pas l’enjeu de monter si vite, la performance est ailleurs : « poser le cerveau » comme j’aime le dire, lui offrir un espace pour souffler de sa vie de jeune maman, de cadre dans un grand Groupe et de la pression de son mari (m’a-t-elle dit).
Céline est visiblement à bout mais pas au bout. Plutôt secrète, elle a l’habitude de tout porter et son entourage, aveugle de cette charge, ne lui laisse pas de répit. Elle va imploser et sa demande envers-moi est de l’éviter, de l’aider à ne plus porter le poids de … ses croyances ! En fin de compte, personne ne lui demande de le faire mais elle ne veut pas décevoir. Encore sourde aux conseils du Guide pour la faire ralentir, il s’adresse à moi « Laurent, ma compétence s’arrête là, c’est à toi d’agir ! ». Je comprends qu’il est temps de s’arrêter. On boit le thé, la pause arrive au bon moment, Céline a le souffle court. Je lui demande pourquoi agit-elle ainsi, que fuit-elle ?
C’est alors qu’une prise de conscience lui apparaît. Elle nous dit « Petite, ma maman me disait de ne pas déranger ». Et alors ? « Et bien, je ne voulais pas vous déranger donc je forçais pour ne pas vous ralentir ». Nous restons sidérés, je ne m’attendais pas du tout à cela ! Je la rassure en lui rappelant que nous sommes là pour elle et non pas pour tenter un chrono. Elle sourit et semble rassurée.
Reinhold Messner (né en 1944), légende vivante de l’alpinisme, a été le premier à gravir les 14 sommets de plus de 8 000 mètres sans oxygène. Il a constamment prôné l’importance de faire confiance à son instinct, à son corps, et à sa capacité à s’adapter. Plus loin, montant derrière elle, je m’aperçois que ses jambes ne fonctionnent pas ! Céline est grande. Elle avance en s’appuyant sur les bâtons mais elle ne glisse pas. Ses petits pas ne sont pas synchronisés avec le haut du corps. Je lui fait la remarque, et lui montre comment glisser … elle met en pratique mes conseils pratiques immédiatement et en forçant bien moins, elle monte bien mieux.
Plus tard, elle me remercie « Je m’autorise enfin d’avancer avec légèreté, en glissant sur la vie ». Elle se calme et semble soulagée de laisser sa croyance derrière elle, là haut où c’est si beau … de faire « fort et petit » pour ne pas se faire remarquer.
Là voilà libérée d’un très ancien sentiment de culpabilité.