La milliardaire chinoise, ma nouvelle patronne, m’accueille calmement avec un français sans accent : – ici, tu es maintenant chez toi, dans ta nouvelle famille professionnelle, me dit-elle. Je n’ose pas réagir, presque terrifié à l’idée de la suite. C’est trop facile pour être vrai. Mon bureau est grand, épuré et clair. Il y a plein de rangements comme dans ma cabine de bateau. On me laisse seul, sans pression, m’installer. Je sors rapidement de cette pièce, pleine de lumière provenant de grandes baies qui semblent l’enrober.

Pas de nuances entre la vie professionnelle et personnelle, me voilà perdu.

Je croise mes collègues, tous affichent un sourire serein et authentique. Ils sont concentrés sur leurs tâches, sans se précipiter pour autant. Je suis étonné de leur politesse, les « bonjour, comment vas-tu ? » fusent. Leurs gestes sont précis. L’ambiance est sereine. Mais où sont passés l’encadrement directif et la pression sur les chiffres ? On m’explique que l’entreprise est fondée sur un seul principe simple et très performant, un unique objectif est à atteindre, qui ne demande ni management, ni réunion, sans enjeux politique interne, ni procès verbal et contrôle qualité : l’ultra performance de chacun.

Une réussite générée par la productivité de chaque acteur social ?

Je ne comprends rien. On doit m’expliquer : les collaborateurs sont recrutés sur deux talents, leur performance métier et leur performance humaine. Pourquoi en rajouter ? Lorsque chacun est responsabilisé, il sait ce qu’il a à faire et ne génère aucune négativité. C’est justement ces conflits, interprétations, jugements, peurs qui alourdissent voire fait fermer les entreprises. Les interactions sont de mauvaises qualités et le coût financier et humain est inestimable (burn-out, perte de motivation, turn-over, présentéïsme, etc.) alors que chez nous, sans subjectivité à subir, on gagne un temps énorme qui nous permet de produire très rapidement, une haute qualité et ainsi de vivre et… revenir produire avec plaisir.

Nos équipes sont positives de nature, la sélection est intraitable.

Ensuite, tout devient cool, sans tension, c’est la raison pour laquelle nous sommes payés 30% plus que le marché et travaillons 30% moins. L’amitié est instantanée, plus de problème d’égo : nous sommes tous reconnaissants de « l’autre » qui enrichit ce système vertueux, sécurise nos emplois et la qualité de notre existence. Nous sommes heureux et nous nous aimons car nous réalisons nos vies, ensemble. Nous nous identifions aux efforts de tous et recevons une reconnaissance collective et pas uniquement d’un chef !

Nous vivons notre présent et planifions notre avenir sans stress.

Je sors de l’entreprise pour prendre l’air et tombe face à l’entrée d’une entreprise voisine. M’approchant, la porte automatique s’ouvre et je reconnais des personnes qui ne me sont pas étrangères. Elles ont les traits tendus, en surpoids et très nerveuses. L’une d’entre-elles s’adressent à moi : – non pas toi, cela va être l’enfer ! me lance-t-elle. Je me rends compte que tous mes « ennemis » du passé sont entassés là. J’aperçois même un petit type arrogant qui me fixe bizarrement. Mais c’est moi ! Avant mon Game-over ! Je rêve, je rêve et mon cauchemar vient de s’inviter, il est temps de changer d’univers, je décide de me réveiller.

I Have a Dream :) Et si on transformait le monde par nos qualités humaines ?

L’amitié au travail s’installe dans nos consciences et parfois dans nos inconscients n’est-ce-pas ? On a de la peine à y croire, tellement trahis et frustrés, mais ne serait-ce pas la faute d’un système basé sur une concurrence interne à bout de souffle qui nous aurait rendu ainsi plutôt que le résultat de notre nature ? Dès qu’un entrepreneur nous prouvera que nous pouvons produire avec l’amitié comme valeur fondamentale et réussir financièrement, d’autres seront inspirés et le marché changera de visage.

L’amitié au travail transforme le travail en amitié.

Dehors il pleut et le temps est un véritable chagrin. Je suis sur la côte Bretonne et vois revenir au port les courageux marins pêcheurs, trempés et frigorifiés. Waou, je me mets de suite à fabriquer mon Rhum coco, recette personnelle et magique transmise secrètement par une adorable Doudou dans les Caraïbes, lors de l’un de mes voyages il y a 30 ans.

La générosité est notre ultime chance de plus attendre, donc d’être Libre !

Ma livraison est appréciée. L’un d’entre-eux me dit : – merci l’ami, même si tu es un montagnard, on t’aime bien par ici, viens boire avec nous. Comme bien souvent, on me demande ce qu’il y a « la-dedans ». Ma réponse est toujours la même : que de l’Amour mon ami, que de l’Amour qui nous rend vivant ! Un autre sujet l’Amour (!).

Laurent Cordaillat