J’ai entendu dire que les enfants âgés de moins de dix ans à Pékin n’ont jamais vu le soleil. La pollution est telle que la lumière ne passe pas. N’est-ce pas ce qui nous arrive quand nos pensées sont assombries par la toxicité de la négativité ? J’ai toujours imaginé une mer de nuages à traverser, un seuil à franchir indispensable à notre salut. La dualité du bien et du mal, de la lumière et du noir, du vide et du plein, du silence et du son, etc. est un message de développement personnel. C’est justement ce contraste qui donne un sens à nos vies. Mais au delà du constat de la nature de l’organisation universelle, nous les Hommes qui sommes dotés de la conscience, nous avons la chance ultime d’être en capacité de la sublimer. Encore faut-il que nos esprits soient libérés, nettoyés du stress des « choses » ordinaires.

Notre premier effort est un simple élan : l’envie d’aller voir ce qui se passe derrière l’horizon, découvrir la différence.

Certains me demandent : – pourquoi bouger ? Le doute s’installe. Doit-on bouger et que faire de nos vies ? C’est justement le doute qui enclenche notre ambition à « être », pas uniquement de vivre, de survivre. Sans le doute, la certitude nous fixerait au sol. Le doute nous stresse, naturellement, pour nous le faire dépasser. Il est là pour nous forcer à évoluer. La prochaine étape sera la certitude, puis le doute reviendra.

Ce cycle sans fin a une fin : la lumière au dessus de la mer de nuages.

Une fois « au dessus », le calme de notre présence rayonne, sans doute, sans mouvement. Quelle ironie ! C’est donc le mouvement qui va me porter à ne plus bouger ! Une fois la lumière, ici le soleil, découverte au dessus de la mer de nuages, plus rien ne peut être comme avant : nous comprenons immédiatement, sans effort, que nous sommes faits pour vivre ainsi, sans brouillards malsains, sans flou et stress inutile. Le passage est initiatique. C’est un panneau indicateur de changement, rien d’autre. La plupart d’entre-nous reste toute sa vie sous la mer de nuages sans savoir que tout brille au dessus.

L’illusion est parfaite.

Vies conditionnées sans libre arbitre, nous suivons le troupeau sans nous poser les questions fondamentales qui sont pourtant à notre portée : pourquoi suis-je là ? Quel est mon programme personnel ? Qu’est-ce qui donne un sens à mon histoire ? Quelle est ma participation au mouvement de la Vie ?

Il existe donc un passage à un autre monde, où je me sentirai « rempli » ?

Oui ce monde est le notre, mais vécu différemment. Prenons la hauteur nécessaire, et non pas la distance qui quand à elle est élastique selon les conditions de vie, pour découvrir notre potentiel illimité, une fois la mer de nuages traversée. Au dessus le ciel est bleu et immense. A chaque moment de tristesse, n’oublions pas que le soleil brille au dessus.

Nous découvrons alors que notre vie est plus vaste que nous l’imaginions.

Le plus difficile est de commencer à bouger. Déjà de le décider sans vraiment savoir pourquoi, de faire confiance à cette petite voix dans notre tête qui nous incite à ne plus accepter, puis de s’attaquer à l’ascension, monter avec aucune certitude de ce qui est à découvrir. Notre instinct est notre GPS. Mais l’effort sera récompensé, une fois la barrière traversée, lorsque les premiers rails de soleil apparaîtront.

Nous comprendrons alors que nous sommes revenus chez nous.

Une fois au dessus de la mer de nuages, nous sommes capables de redescendre pour fonctionner et assumer l’opérationnel car nous savons maintenant que l’espoir est une réalité. Il existe un espace, un refuge sans murs où nous pouvons nous poser et réaliser notre nature profonde.

Cet espace, cette lumière, c’est notre conscience hors égo, confiante et forte.

Laurent Cordaillat